Chaque mise en scène est pour elle l’occasion de pousser la porte du réel pour entrevoir ce qui s’agite derrière elle. Et la tragi-comédie est, à ce titre, un écart dont elle a souvent fait usage dans son travail de metteur en scène comme d’auteur « Comment faire apparaître quelque chose de sensible, d’intelligible à l’imaginaire du spectateur, dans le seul but, au fond, qu’il puisse l’emporter avec lui, voilà l’exigence redoutable ». »
Ce parcours singulier se construit au fil des années grâce aux soutiens et aux fidélités des théâtres, des institutions et des personnes qui s’attachent à son travail.
Tout comme son cheminement artistique, ces associations appartiennent à la diversité du réseau théâtral français.
Elle crée à partir de 1996 nombre de ses spectacles à la MC2: Grenoble qui origine des rencontres décisives avec l’AFAA (aujourd’hui Institut français), Bonlieu / Scène Nationale d’Annecy, le Théâtre de la Cité Internationale à Paris, La Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, Les Subsistances à Lyon, le
Théâtre de l’Est parisien, Les Célestins / Théâtre de Lyon, le CDN des Alpes à Grenoble ou encore le Théâtre de l’Aquarium à Paris.
Elle conduit également deux résidences de création entre 2000 et 2003 dans la région Rhône-Alpes. Durant toutes ces années, son travail est accueilli à plusieurs reprises à l’étranger ( Un Riche trois pauvres de Louis Calaferte en Syrie, puis en Roumanie, Hongrie, Bulgarie, Slovaquie ; Les Tristes Champs d’asphodèles de Patrick Kermann en Espagne ; Inconnu à cette adresse de Kressmann Taylor au Canada francophone).
Elle intervient deux années consécutives au CNAC de Châlons-en-Champagne, expérience qui induira des collaborations artistiques avec des artistes circassiennes pour le Cochon est-il une série de tranches de jambon ?, Alice aux pays des mer(d)veilles et Ce qui n’a pas de nom.
Elle est actuellement artiste associée au Théâtre des Ilets – CDN de Montluçon(direction Carole Thibaut).
« La création d’une pièce est toujours l’occasion d’entrer profondément dans une vision du monde. Les questions qui nous sont posées aujourd’hui sont gigantesques et dire que l’on fabrique du théâtre contemporain, c’est dire que ces questions infiltrent le projet théâtral. La longue méditation d’Alexis de Tocqueville sur la démocratie, les pièces que j’écris, l’adaptation du roman haïtien de Lyonel Trouillot ou encore la fable aux accents surréalistes de Caryl Churchill sont autant de champs dans lesquels s’engage cette résonnance. Et je m’attache à soutenir, en ces temps où le divertissement est trop souvent réduit à sa fonction d’oubli, un théâtre où les jeux de la pensée et de la poésie nous soient rendus comme formidablement divertissants, c’est-à-dire capables de desserrer l’étreinte du réel pour le mettre en mouvement ».
Pascale Henry