Mise en scène de Pascale Henry
Avec
Marie-Sohna Condé, Julien Anselmino ou Stéphane Czopek et Aurélie Verillon
Lumière : Léo Van Cutsem
Costumes : Hélène Kritikos
Son : Frédéric Soria et Laurent Buisson
Scénographie : Michel Rose et Pascale Henry
Régie générale et plateau : Lellia Chimento
Photos : Jean-Pierre Maurin / Patrick Berger
Création du 10 au 15 décembre 2012 au Théâtre Jean-Vilar/Hors les murs, Bourgoin Jallieu
8 et 9 janvier 2013 au Théâtre Théo Argence, St Priest
8 au 20 juillet 2013 Festival d’Avignon off, salle des Hauts Plateaux (La Manutention)
du 28 janvier au 16 février 2014 au Théâtre de l’Aquarium, Paris
du 15 au 18 avril 2014 à L’Hexagone de Meylan
le 15 mai 2014 au Théâtre de Vienne
Production : Les Voisins du dessous
Coproduction : Théâtre Jean-Vilar de Bourgoin Jallieu, CDN des Alpes et Théâtre Théo Argence Saint Priest
Retenu contre son gré dans les locaux d’une institution en raison d’une mystérieuse et effrayante blessure, un homme est là, prostré.
Il est surtout l’enjeu d’une décision à prendre.
Que doit-on faire de lui ?
Malgré la peur qu’il lui inspire celle qui l’interroge cherche à percer le silence. Elle commet sans le savoir un pas de trop.
Le sort de l’homme suspendu à l’interrogatoire qu’il subit, il ne sait pas que la nature même des questions qu’on lui pose est l’objet d’une guerre larvée dont il ignore tout. Et qui se trame au delà des murs de sa rétention.
Une guerre où risque zéro et course contre le temps dressent des murs invisibles entre les êtres.
Une guerre qui a sans doute la soumission pour mobile et la peur pour conséquence.
Empruntant à la série télé autant qu’à Kafka, la pièce est lancée à la poursuite d’une intuition :
Se serait-il passé quelque chose dans notre perception des désordres humains ?
« Quand les mots cessent de parler »
À chaque époque ses mythologies
La nôtre goûte l’abréviation, le chiffre
Aplats lugubres, ciment gris
C’est notre ABC d’aujourd’hui […]
Il y a du changement dans l’air
Ordre de faire
Aujourd’hui il faut abréger ! […]
Mais comment faire entrer
Ce qui déborde dans ce monde au carré ? […]
Quand les mots baissent la garde
C’est notre humanité qui se trouve
Ainsi ABC
L’asservissement le plus têtu
Désormais
Partout répandu
…
À la question : que mettez-vous en scène ? On imagine Pascale Henry répondre Ce qui sort de nos mots. Parler est d’un autre règne, nous dit À demain, dont il ne faut pas perdre l’usage. […]
Et elle procède à la manière d’un peintre qui exerce ses repentirs selon les éclairages de son atelier, explorant la langue comme l’intérieur d’un objet précieux brisé en une infinité de morceaux, dont les éclats épars ont été réunis par les aplats lugubres du ciment gris communicationnel. […] Sur le plateau, du théâtre dans plus sa vivante expression et qui requiert de la part des comédiens un métier d’une sou- plesse et d’une précision extrêmes, une science qui insinue plus qu’elle n’affirme. Ils prêtent, que dis-je, ils donnent du relief au moindre souffle descendu dans la chair. […]
Sur une surface au carré, leur talent fait cercle tant il est grand. Et ce, jusqu’au sursaut final. C’est alors que le spec- tateur, enveloppé dans ce beau manteau de présences, reste un instant muet tant il a mal aux mots puis se met à avoir envie de parler, parler…
Nadine Epron
Auteure
« On ne peut être vivant et normal à la fois » Cioran