J’aime
de Pascale Henry
Une femme.
Elle court en tous sens sur le plateau vide. C’est une course joyeuse et affolée.
J’aime
Qu’est-ce que c’est qu’est-ce que c’est
J’aime j’aime
Qu’est-ce que c’est
Ce soulèvement
D’un tout moi
Que je ne connais pas
Stop
Elle s’arrête et plus bas
Ce n’est rien
Qu’un regard peut-être
Retrouvé
Du plus loin dont on vient
Ou une voix
Qui habite
L’introuvable espace
Du raté raté
Des mots jetés
A tord et à travers
Elle repart et plus haut
J’aime j’aime j’aime
Là mon cœur là ma tête
Là mon sexe
Qu’est-ce que c’est
Là ce que c’est
Ce poids et cette plume de moi
Sus soudain
Apparus
Cet effroi et cette joie
J’aime
Est-ce beau est-ce laid
Ce jeté de soi
En habillé de toi
Ce que je vois
C’est toi
C’est moi
C’est quoi
Elle s’arrête et plus bas
C’est tes mains
Qui pourquoi
Dans le noir
Ont ce pouvoir
De faire fuir la nuit
Qui sur chacun tombe
Elle repart et plus haut
Ce que c’est ce que c’est que ça
Que j’ai là
Un trou me faisant
Me le faisant savoir
Un trop plein
Me créant tout en même temps
J’aime c’est ça j’aime c’est quoi
Un virus
Qui dormait
Attendant que tu viennes
Traque contracte
La maladie
Enflamme le drame qui plane
Ce que c’est ce que c’est que ça
Que j’ai là
Maintenant
Qui avant n’était pas
Qui était n’étant pas
Sans ce tourment de toi
Sans ce serment prononcé
A la lueur de quoi
Qui ne se prononce pas
A la lueur de quoi
Elle s’arrête et plus bas
j’aime j’aime j’aime