UNE CRÉATION À LA HAUTEUR DE SES AMBITIONS

La pièce finement élaborée, violente par la parole et le geste, complexe et exigeante, constitue un grand moment de théâtre, magistralement servi par quatre femmes et un homme. Très esthétique, profonde par sa teneur, elle engendre réflexion.
Une création de haute volée.
La Montagne, 02 février 2015

UN DIALOGUE ENTRE MYTHE ET RÉALITÉ

Depuis plus de vingt-cinq ans, Pascale Henry pratique un théâtre sensible et exigeant, interroge le monde avec une acuité toujours emprunte de poésie. (…). « Ce qui n’a pas de nom », qu’elle écrit et met en scène, illustre une nouvelle fois sa capacité à s’emparer de sujets forts et universels avec autant d’aisance que d’efficacité. (…).
La grande réussite de cette création, c’est d’abord une vraie justesse de ton qui revisite la mythologie avec pertinence et une bonne dose d’ironie. (…). Grâce à l’interprétation des trois comédiennes (Marie-Sohna Condé, Emilie Geymond et Sylvie Jobert) qui incarnent ces grandes figures tragiques en leur insufflant une vraie humanité, celles-ci apparaissent soudain très proches de nous et formidablement modernes. Cette invitation à la réflexion est en outre servie par une belle scénographie, qui trouve un juste équilibre entre des moments purement visuels et très oniriques, portés par une utilisation subtile de la vidéo et surtout les performances acrobatiques de la circassienne Mélissa Von Vépy.
Annabel Brot, Le Dauphiné Libéré, jeudi 05 novembre 2015

EXTRAITS INTERVIEW

Ce spectacle interroge le regard que l’on porte sur le corps féminin. Il tente de « mettre au jour ce qui est la nuit », l’histoire d’une femme assujettie qui a le goût d’autre chose. Une pièce très visuelle et organique, qui propose un autre point de vue sur la femme en tant qu’objet de désir et sujet.
Quel a été le déclencheur de ce spectacle ?
Pascale Henry : Au départ, il y a toujours un détail qui un jour vous saute aux yeux et déclenche l’envie de faire un spectacle. Je me suis ainsi rendue compte que, tous les soirs, à 20h30, les séries télévisuelles commençaient avec des corps de femmes zigouillés ou violés. J’ai été marquée par ce scénario répétitif et très pauvre : cela se passe toujours dans un parking ou chez ces femmes, dans une intimité, où l’on sent bien que quelque chose les menace. J’ai donc choisi de m’interroger sur ce corps proie.
Ce spectacle s’interroge donc aussi sur la relation homme/femme…
P H : La première partie questionne le désir masculin. Que ce soit dans la littérature, la peinture ou la musique, le corps féminin est magnifiquement sublimé par les œuvres masculines, mais ce n’est pas un corps sujet, c’est un corps objet de leur désir. (…).
Dans ce spectacle, j’essaie de mettre en scène, ce qu’est un corps féminin qui échappe (en partie) au regard masculin, j’essaie de rompre le silence.
Quel est le climat de cette pièce ?
P H : C’est comme une peinture sensible. Cela fait un peu l’effet d’un tableau de Hopper. On entend le silence, la solitude. Toute la première partie du spectacle, il y a notamment quelque chose de cet ordre-là. Puis, il y une sorte de montée dramatique. Le théâtre arrive d’un coup.
Propos recueillis par Prune Vellot, Les Affiches de Grenoble et du Dauphiné, 06 mars 2015

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