PRÉSENCE(S)

de Pascale Henry

CRÉATION 2018/19

Coproduction Théâtre des Ilets-CDN de Montluçon/Théâtre Municipal de Grenoble

avec le soutien de La Chartreuse, Centre national des écritures du spectacle, Villeneuve lez Avignon, du Fonds d’insertion de l’éstba financé par la Région Nouvelle-Aquitaine et de la Spedidam

 

Le texte a été mis en lecture à la Mousson d’été le dim 26 août 2018

Avec Marie-Sohna Condé, Marie Bonnet, Maïté Lottin, Clémentine Couic, Yohann Bourgeois

Mise en scène : Pascale Henry

Scénographie : Michel Rose 

Costumes : Séverine Yvernault

Création vidéo : Makar

Composition musicale et sonore : Laurent Buisson

Lumière : Michel Gueldry

Régie Générale : Aurélien Martinelli

Diffusion : Mara Teboul – L’oeil écoute

15 au 19 janvier 2019 Théâtre Municipal de Grenoble

19 au 21 mars 2019 Théâtre des Ilets-CDN de Montluçon

A ce fond de l’air inquiétant, violent, qui submerge nos sociétés, comment répondre de nous-mêmes et ne pas s’éteindre ?
Comment renouer avec ce qui échappe à la pression du monde et contient une forme de résistance , défiant cette
« impuissance de canapé » qui saisit les corps devant le flot ?
Quel paysage derrière ce virage en épingle à cheveux où nous sommes engagés à toute vitesse, sans savoir conduire ni pouvoir freiner ?

Quand bien même on aurait mis la main sur notre paresse à découvrir autrui et à en supporter la contrainte … Reste ce lien humain, cause de ce que nous sommes de l’enfance à la mort, prétexte de toujours à nouer des histoires, à les défaire à les interroger. Reste cet autre à rencontrer…
Qui se souvient avec émotion, avec tendresse, avec désespoir d’un téléphone supersonique, d’un grille-pain programmable, d’un yacht à cinq étages à l’instant de la grande solitude ?
Restent, cette question qu’on voudrait pouvoir poser à quelqu’un, cette caresse reçue qui nous donna un corps, cette parole dite qui changea le cours des choses, reste, le visage humain.

C’est autour de cette persistance comme on le dirait de la persistance rétinienne d’une image, que j’ai voulu centrer mon attention.

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« Est-ce que les rêves ont encore quelque chose à dire ?» Pascale Henry

Photo Margaret Durow

PRESENCE(s) est une pièce pour 5 personnages en deux parties, comme les deux tableaux d’un même horizon.

L’un au présent d’une femme de quarante ans ou plus ou moins, inquiétée par un étrange cauchemar, l’autre au futur de sa fille et de deux de ses amis qui ont l’habitude de se retrouver près d’un mur.
Les protagonistes du premier se retrouvent dans le deuxième, ailleurs et autrement, les deux tableaux produisant l’écho changeant d’un même monde.

Une voix-ombre les accompagne, invisible et qui les dessine ailleurs que dans ce qu’ils disent.
Le spectre d’une grand-mère africaine hante les souvenirs comme le plateau…

La première partie met en scène ELLE et cette sorte de figure-voix, La présence.

Elle a 40 ans ou plus ou moins et, à partir d’un cauchemar, s’élèvent les inquiétudes et les intuitions distillées par le malaise de l’annonce de sa mort-vivante en rêve.

Elle parle de sa fille aussi, une fille de 17 ans ou à peu près qui se rappelle à elle avec fracas et bien souvent à contre courant de ses perceptions inquiètes et révoltées.

ELLE a vécu son adolescence, horizon ouvert aux expériences chaotiques du désir, puis l’a vu se boucher, se noircir, comprimer le vivant lentement. C’est en quelque sorte à une palpation sensible des malaises, des attentes et des élans que le texte s’abandonne, hoquetant avec humour au milieu de la tragédie.

La deuxième partie est une sorte d’écho générationnel à ce premier tableau avec horizon perdu.
Elle met en scène LA FILLE de ELLE et deux de ses amis, le spectre de sa grand-mère et l’on retrouve à nouveau cette figure-voix, La présence, qui œuvre à sa manière, regard posé sur ce qui ne se dit pas, ne s’éprouve plus, ne s’entend pas.
Façon de changer d’angle et de regarder ce qui arrive, autrement. Et ceux qui arrivent, arrivés au monde dans cet horizon comprimé et inquiétant où la force irréductible de l’adolescence doit trouver des raisons de vivre.

« Rester ensemble c’est ce qu’ils savent faire de mieux.
L’horizon, ils s’en foutent.
 Ils le regardent comme une vieille tapisserie démodée, incroyablement moche, qu’on aurait laissée dans leur chambre. »

D’une partie à l’autre, d’une génération à l’autre, au delà d’un mur, « Présences(s) » se saisit avec tendresse de ce qui n’a pas renoncé à vivre.

 

Pascale Henry
Juillet 2017

Photos Stéphanie Nelson

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